Les appliques murales sont des objets en terre cuite couramment découverts à Ougarit (Ras Shamra et Minet el-Beida) dans les niveaux du Bronze récent. Alors que les publications ne faisaient connaître que 49 exemplaires, l’exploitation des archives de fouilles (fonds Mission, fonds Schaeffer du Collège de France, etc.) a permis la « redécouverte » de 114 fragments inédits supplémentaires (soit au minimum 163 exemplaires connus). Ougarit livre ainsi l’un des corpus méditerranéens les plus importants, comparable à celui d’Enkomi à Chypre.
Le catalogue commenté de ces objets a récemment été publié (RSO XXIII, 2016, compléments dans RSO XXV 2017). La plupart des trouvailles sont connues par les inventaires, les cahiers de fouille, les carnets de dessins et les photographies.
Ces objets sont composés d’une plaque rectangulaire, décorée ou non, et dont la partie haute est percée d’un trou circulaire, probablement destiné à la suspension. Peu de ces objets nous sont parvenus complets, la hauteur de ces derniers est comprise entre 30 et 43 cm. Le corpus ougaritain comprend des appliques aux formes et aux décors variés (géométrique incisé ; digité ; décor évidé ; protomé de taureau modelé et rapporté sur la plaque ; représentations de femme nue) parmi lesquelles se côtoient sans doute productions locales, régionales et importations, ces dernières semblent essentiellement chypriotes. Parmi nos perspectives de recherches, nous souhaiterions pouvoir mener une étude technique ainsi que des analyses archéométriques de ces objets afin de tenter de définir leur origine.
La fonction de ces objets reste énigmatique et plusieurs hypothèses ont été avancées (entre autres celle de louche votive, de lampe, de brûle-encens). À cet égard, l’étude détaillée des contextes de découverte nous paraît être une piste privilégiée. À Ougarit, au sein des secteurs de fouille, on relève plusieurs concentrations remarquables : les secteurs du « Centre de la Ville », de la « Résidence Nord » et de ses abords, du quartier dit « résidentiel » ou « égéen » et le chantier « Grand-rue ». Ces objets sont majoritairement mis au jour à l’intérieur ou à proximité de maisons. La découverte de plusieurs exemplaires dans la « Maison d’Ourtenou » montre que ces objets apparaissent également à l’intérieur des grandes demeures de la ville. Il semblerait également qu’ils aient été utilisés dans le cadre d’activités religieuses ou rituelles comme on peut le déduire de leur découverte, par exemple, pour le site de Minet el-Beida, parmi le « dépôt égyptien », et pour le site de Ras Shamra, dans le complexe du « Temple aux rhytons ». En revanche, aucune applique n’a encore été découverte à l’intérieur d’une tombe.
Cette recherche s’inscrit dans un programme plus large initié par V. Matoïan portant sur la religion, les pratiques cultuelles et la magie à Ougarit par le biais de l’étude de la culture matérielle. Parallèlement, ce programme s’intéresse à l’étude d’autres catégories de mobilier telles que les figurines-plaquettes, les « supports cultuels », les autels, la vaisselle zoomorphe…
Appliques murales d’Ougarit
équipe de recherche:Bibliographie
De l’île d’Aphrodite au paradis perdu, itinéraire d’un gentilhomme lyonnais, Ras Shamra – Ougarit XXII, Leuven p. 195-212.
2016, « De “l’idole-louche” à “l’applique murale” : retour sur une catégorie d’objet énigmatique découverte à Ougarit », in V. Matoïan, M. Al-Maqdissi (dir.), Études Ougaritiques IV, Ras Shamra – Ougarit XXIV, Leuven, p. 189-265.
2017, « Apports des archives de la Mission à l’étude des appliques murales d’Ougarit », in V. Matoïan (dir.), Archéologie, patrimoine et archives. Les fouilles anciennes à Ras Shamra et Minet el-Beida I, Ras Shamra – Ougarit XXV, Leuven, p. 257-275.
, 2006, « À propos des appliques murales de Chypre », RDAC, p. 173-197.
2008, Tiryns XVI. Kleinfunde aus Tyrins. Terrakotta, Stein, Bein und Glas/Fayence vornehmlich aus der Spätbronzezeit, Wiesbaden.
2001, Wandappliken der Spätbronze- und Eisenzeit im östlichen Mittelmeerraum, Wiesbaden.