Ce projet qui a déjà donné lieu à plusieurs publications porte sur un corpus inédit de quelque 300 documents rédigés en cunéiformes alphabétiques et conservés dans les musées nationaux d’Alep et de Damas et au musée du Louvre. Ces derniers se composent très majoritairement de fragments de tablettes qui n’excèdent pas quelques cm, d’une dizaine de tablettes complètes mais dont l’état de conservation est très mauvais) ainsi que divers objets inscrits (cachet, assiette, bille d’argile, notamment). Mis au jour par la mission de Ras Shamra alors dirigée par C.F.A. Schaeffer entre la première et la trente-unième campagne (1929-1969), ils proviennent de différents secteurs du tell : Palais royal, maisons privées (Maison dite « du Grand Prêtre », etc) et tombes.
Le travail préliminaire à toute exploitation de ce corpus consiste à reconstituer, autant que faire se peut, les tablettes originelles à partir de différents fragments inédits. Dans bon nombre de cas, il implique d’élargir l’investigation aux tablettes incomplètes déjà publiées, et provenant des mêmes secteurs que les fragments étudiés. Mais la dispersion de certains de ces ensembles en plusieurs lieux de conservation, les erreurs de localisation, ou encore l’imprécision ou de l’absence du contexte de découverte en complexifient l’étude et ont requis à mettre parallèlement au point une méthode indépendante de ces aléas qui s’appuie sur les informations internes fournies par les fragments eux-mêmes (pâte, mise en page, paléographie, contenu textuel etc).
En dépit de sa complexité et de sa lenteur, une telle étude présente des intérêts tant pour l’épigraphie que pour l’archéologie et pour leurs rapports. Sur le plan épigraphique, elle permet d’améliorer les lectures grâce aux joints directs ou indirects effectués sur des tablettes déjà publiées ou encore d’enrichir la lexicographie ougaritique. Sur le plan archéologique, elle contribue à évaluer de manière plus juste le nombre global de tablettes que comportait la capitale à la veille de sa disparition. Elle est également susceptible d’apporter des éléments pour préciser la datation du corpus épigraphique. Plus généralement, elle conduit à s’interroger sur l’emploi et la notion « d’archives » et d’archivages (localisation, durée, constitution, classement, etc). Á plus long terme, elle fera l’objet d’autres développements concernant notamment les scribes.
Edition et exploitation des documents inédits rédigés en cunéiformes alphabétiques
équipe de recherche:Bibliographie
Semitica 32, p. 5-14.
, , 1993, « Textes ougaritiques oubliés et « transfuges » », Semitica 41-42, p. 23-58
, avec la collaboration de , , et , 1989, La trouvaille épigraphique de l’Ougarit 1, Concordance, Ras Shamra – Ougarit V, Paris.
, 2008a, « Approche méthodologique appliquée au matériel épigraphique rédigé en cunéiformes alphabétiques : exemples de recollages dans les archives palatiales », in V. Matoïan (dir.), Le mobilier du Palais royal d’Ougarit, Ras Shamra – Ougarit XVII, Paris, p. 291-306.
, 2008b, « De l’intérêt des textes délaissés », in Y. Calvet et M. Yon (eds), Actes du colloque international tenu à Lyon en novembre 2001 « Ougarit au IIe millénaire av. J.-C. État des recherches », Travaux de la Maison de l’Orient et de la Méditerranée 47/1, p. 235-241.
, , 2015, « Du fragment aux archives. Le cas de la pièce 68 des “archives sud” du palais d’Ougarit », in B. Geyer, V. Matoïan et M. Al-Maqdissi (éd.), De l’île d’Aphrodite au Paradis perdu : itinéraire d’un gentilhomme lyonnais. En hommage à Yves Calvet, Ras Shamra-Ougarit XXII, Leiden, p. 127-137 : fig. 1-3 et doc. 1-2.
, , 1976, Die Elfenbeinschriften und S-Texte aus Ugarit, Alter Orient und Altes Testament 13, Neukirchner-Vluyn.
, , 2001, « Les ivoires inscrits du palais royal (fouille 1955) », Ras Shamra Ougarit XIV, Paris, p. 191-230.
, 1963, Corpus des tablettes en cunéiformes alphabétiques (découvertes à Ras Shamra Ugarit de 1929 à 1939), 2 vol. texte et planches, Paris.