Dans le cadre du programme de recherche sur le mobilier du palais royal d’Ougarit (resp. Valérie Matoïan), destiné à la publication du matériel des fouilles anciennes de Claude Schaeffer, s’insère l’étude de l’orfèvrerie, commencée à l’automne 2008. Les objets en or sont pour l’essentiel conservés au musée national de Damas et proviennent de différents secteurs du palais royal. Leur inventaire a d’ores et déjà montré que la collection est plus riche et variée que ne le montre la seule lecture des rapports préliminaires du fouilleur. Deux principales catégories d’objets sont représentées : les placages ornementaux et les bijoux.
Les placages étaient destinés à embellir des supports faits dans un autre matériau, plus ou moins précieux : bois, ivoire, ou métal moins noble. D’après les dimensions conservées des pièces, on peut supposer que ces placages étaient appliqués sur des objets de petites dimensions ou plus grands, comme des meubles. Les placages étaient découpés dans des feuilles d’or obtenues par martelage et leurs aspects de même que leurs modes de fixation étaient variés. Ils pouvaient recouvrir les objets partiellement ou dans leur totalité. Sous forme de plaques, ils étaient fixés sur des surfaces planes et parfois inscrits dans un encadrement. Quelques plaques présentent un décor ajouré, comme on peut l’observer sur celle en forme d’aile de la photographie. Certains placages portent des décors obtenus par ciselure et au repoussé. D’autres portent les traces d’éléments décoratifs supplémentaires apposés, en matériaux différents, aujourd’hui disparus. Le placage pouvait également revêtir des statues ou des figurines, comme le montrent des pièces où celui-ci est préservé, provenant du même site d’Ougarit.
Les bijoux en or du palais royal sont, eux aussi, de divers types : pendentifs, perles, mais aussi boucles d’oreilles, bagues… Les perles sont majoritaires. Elles sont tantôt entièrement en or, tantôt le métal précieux est façonné pour permettre la suspension d’une perle en pierre. Il semble y avoir aussi des ornements de tissus ou de vêtements, comme des pendeloques et des boutons, ou des composants d’autres objets personnels, comme des capuchons de sceau-cylindre. Certaines pièces de la collection sont remarquables, comme une petite figurine très originale, en forme de faucon, exécutée avec grande finesse.
Les objets en or du palais royal sont fabriqués au moyen de procédés divers. Néanmoins, il faut remarquer une nette préférence pour le travail des feuilles d’or par martelage, la feuille d’or ayant été employée non seulement pour des placages, ce qui est peu étonnant, mais aussi pour nombre de bijoux. Par ailleurs, une série de détails techniques sont communs à plusieurs types d’objets. Ceci confère une forte unité technique à une large part de la collection et laisse penser à une même production artisanale, plausiblement le fruit de la tradition locale ougaritique.