Au Bronze récent, les représentations de femme nue à Ougarit sont fréquentes (représentations en deux dimensions, en relief, en ronde-bosse) et les supports variés (sceaux-cylindres, figurines, statuettes, appliques murales, vases, pendentifs, poignards, cuillers, etc). La terre cuite est le matériau qui domine à Ougarit dans la production de figurines de femmes nues. À côté des fabriques locales/régionales auxquelles se rattachent les plaquettes estampées, on rencontre un nombre relativement élevé d’importations. La Grèce et Chypre sont les deux centres principaux de production attestés.
Au sein de la catégorie des figurines de femmes nues en terre cuite de fabrique locale/régionale retrouvées à Ougarit, les figurines estampées dans un petit bloc d’argile crue à l’aide d’un moule univalve sont les plus nombreuses.
Seuls 27 exemplaires de Ras Shamra et de Minet el-Beida ont été publiés par L. Badre (1980) et Th. Monloup (1987). Dans le cadre du programme qui porte sur le fait religieux à Ougarit, un corpus exhaustif est en cours de réalisation, fondé dans un premier temps sur l’exploitation des archives de fouilles (fonds de la Mission, fonds C. Schaeffer du Collège de France, etc.). L’étude a déjà fait connaître au moins trois fois plus d’inédits. Quantitativement, il s’agit du corpus levantin le plus important du Bronze récent.
Récemment, la publication de photographies de deux figurines inédites, RS 23.573 et RS 23.574, découvertes dans la tranchée « Ville Sud », a été l’occasion de faire un point sur cette catégorie d’objets à Ougarit (RSO XXV, 2017).
Un seul type iconographique est pour l’instant attesté parmi les découvertes d’Ougarit : une femme nue à coiffure « hathorique », représentée de face, adoptant différentes attitudes. Toutefois, les figurines estampées complètes sont des découvertes très rares à Ougarit, la plupart sont brisées au niveau de la tête et /ou des jambes. Au Bronze récent, en dehors d’Ougarit, les plaquettes en terre cuite estampées à l’effigie d’une femme nue sont des découvertes rares au Levant Nord (on en connaît à Tell Sukas, cf. Buhl 1983 ; à Tell Atchana/Alalakh, cf. Woolley 1955 et Aslihan Yener 2010). Ces objets sont par contre retrouvés en grand nombre au Levant Sud. Néanmoins, sur ces derniers, la figure féminine ne porte pas spécifiquement la coiffure dite hathorique.
Cette catégorie d’objet et l’iconographie dont elle est porteuse posent une série de questions qui nécessite une étude minutieuse de l’ensemble des découvertes réalisées à Ougarit et ailleurs. Par exemple, la question de l’identité de ces personnages féminins. Sont-ils de nature humaine ou divine ? Quels liens ces images entretiennent-elles avec les autres représentations dites « hathoriques » découvertes dans le royaume et notamment avec celles figurant sur une autre catégorie d’objets en terre cuite, les appliques murales ? La question des contextes de découverte est également importante et avec elle, celle de la fonction de ces objets.
Les plaquettes estampées décorées d’une femme nue
équipe de recherche:Bibliographie
Tell Atchana, ancient Alalakh. Volume I. The 2003-2004 excavation seasons, Istanbul.
, Les figurines anthropomorphes en terre cuite à l’Âge du Bronze en Syrie, Paris.
1983, Sūkās VII. The Near Eastern Pottery and Objects of Other Materials from the Upper Strata, Historisk-filosofiske Skrifter 10:4, Copenhague.
2015, « Appliques murales d’Ougarit décorées d’une représentation féminine en relief », in B. Geyer, V. Matoïan, M. Al-Maqdissi (dir.), De l’île d’Aphrodite au paradis perdu, itinéraire d’un gentilhomme lyonnais, Ras Shamra – Ougarit XXII, Leuven p. 195-212.
2017, « Image de nu féminin à Ougarit : deux plaquettes en terre cuite estampées inédites de la tranchée “Ville Sud” », in V. Matoïan (dir.), Archéologie, patrimoine et archives. Les fouilles anciennes à Ras Shamra et Minet el-Beida I, Ras Shamra – Ougarit XXV, Leuven, p. 277-289.
2004, The many faces of the goddess: the iconography of the Syro-Palestinian goddesses Anat, Astarte, Qedeshet, and Asherah c. 15001000 BCE, Fribourg.
2009, « Chapter 9A. Clay Figurines and Cult Vessels », in N. Panitz-Cohen, A. Mazar (éds), Excavations at Tel Beth-Shean 1989-1996. Volume III : The 13th-11th Century BCE Strata in Areas N and S, Jérusalem, p. 530-555.
1987, « Figurines de terre cuite », in M. Yon (éd.), Le Centre de la ville. 38e-44e campagnes (1978-1984), Ras Shamra – Ougarit III, Paris, p. 307-328.
1943, Palestinian Figurines in Relation to Certain Goddesses Known Through Litterature, New Haven.
2002, « The Use of Nude Female Figurines », in S. Parpola, R.M. Whiting (éds.), Sex and Gender in the Ancient Near East, Proceedings of the 47th Rencontre Assyriologique Internationale, Helsinski, p. 537-545.
1994, « Using Pottery to Interpret the Past: Astarte Figurines in Late Bronze Age Palestine, a Case Study », in C. Sorrell, A. Ruys (éds), Proceedings of the international Ceramics Conference Austceram 94, International Ceramic Monographs 11 (2), p. 16-21.
1955, Alalakh. An Account of the Excavations at Tell Atchana in the Hatay, 1937-1949, Londres.